jeudi 9 juin 2011

Claude Léveillée, je m'ennuie déjà...


Ce matin j'ai eu de la peine en apprenant le départ de Claude Léveillée, un artiste au talent exceptionnel, que j'ai eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises depuis une trentaine d'années. Une peine teintée de soulagement car il est enfin libéré de la maladie qui emprisonnait son talent. Comment peut vivre un créateur privé de son outil privilégié, le piano?

Victime il y a sept ans d'un AVC, suivi d'un second, il était paralysé du côté gauche et ne pouvait plus composer ni jouer. Ni écrire. Même son élocution était difficile. Il était captif de son corps, confiné à une chaise roulante. Cet auteur-compositeur-interprète créait directement au piano, en jouant, n'ayant jamais appris à lire ou à écrire une note de musique. Comme un peintre qui jette son inspiration sur la toile. De la création à l'état brut, qui venait du coeur, de sa très grande sensibilité. Un être intense, passionné, authentique et qui n'aimait pas les compromis.

Je ne vous raconterai pas ici les grands pans de sa carrière, de ses débuts en tant que Cloclo, le clown que les enfants de la fin des années 50 ont aimé à la télé, comme chanteur Chez Bozo en passant par ses chansons pour Piaf (Boulevard du crime, Les vieux pianos), son écriture de comédies musicales, ses rôles de comédien et sa carrière de musicien dont les mélodies demeurent immortelles. Il vivait pour son métier. Tant qu'il a pu...

Je vous dis simplement, que cet homme pudique et timide, à l'esprit vif et à l'humour parfois caustique, ne sera pas remplacé. Si vous ressentez un vide en-dedans, écoutez sa musique, ses chansons Mon Pays ou sa dernière entrevue, accordée en 2008 à mon époux adoré.

Allez Claude, reprends ta liberté de créateur, Emmène-moi au bout du monde et... Bon voyage au pays des merveilles!

9 commentaires:

  1. Quel bel hommage tu lui fais là, Diane. Tu sembles toujours trouver les mots justes, c'est beau. Merci.

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  2. J'ai appris la nouvelle au moment où elle est tombée sur la Première chaîne de Radio-Canada ce matin. Choc et nostalgie. Pas de grande surprise. Par ton Claude et toi, je le savais très malade depuis un bon moment.

    Avec lui, comme me l'écrivait spontanément une de mes soeurs cet après-midi, c'est un pan de notre adolescence qui tombe. Je ne dis pas le nombre d'heures, passées enfermée dans ma chambre, à écouter son premier long jeu sur mon petit tourne-disque. En boucle. Je savais par coeur les paroles de toutes ses chansons. Je les ai si bien intégrées que j'ai presque été choquée par les nouveaux arrangements enregistrés plus tard. Je ne retrouvais plus tout à fait "mon" Claude Léveillée. Il traînait davantage sur une note peut-être, pas assez sur une autre... Juste un tout petit décalage qui faisait que je ne retrouvais pas exactement le goût de mes madeleines. Mais c’était tout près quand même.

    Pour moi, Léveillée restera toujours celui de cette première version des Pianos mécaniques, de Frédéric, du Cheval blanc, du Rendez-vous, de Taxi! Mais surtout, surtout, de Emmenez-moi au bout du monde… Je souris quand j’entends qu’il s’étonnait d’être considéré comme un chansonnier, lui qui se percevait d’abord et avant tout comme un musicien, un compositeur. Il était magistral au piano. C’était le bon temps… Allez, au revoir !

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  3. Ginette Laterreur9 juin 2011 à 22:55

    Quel beau témoignage Di empreint de sincérité, de respect et d'admiration.

    Malgré notre peine, t'as bien raison de mentionner qu'il s'agit d'une certaine
    délivrance pour Claude Léveillé... Il nous suffit maintenant de puiser dans son immense répertoire, et c'est au travers ses chansons, qu'on le sentira vivre en chacun de nous.

    Excellente idée que ces liens identifiés dans ton texte et je vais m'attarder dans un premier temps à la dernière entrevue radio de ce Grand réalisée avec ton Claude.D'ailleurs, monsieur Saucier doit en être très fier!!!

    Ton dernier paragraphe est sublime... Salut!

    Ginette

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  4. Magnifique témoignage Diane. Ses chansons ont bercé mon adolescence et ma vie entière. Ma préférée étant: "Le temps d'une chanson" . J'ai plein de souvenirs dans ma tête. Il y a quelques années, je dirais entre 8 et 10 ans, j'ai eu la chance d'assister à l'un de ses derniers spectacles dans une petite salle de Baie-du-Fèvre. Déjà, il avait des problèmes de santé. Je garde un souvenir ébloui de cette soirée.
    Merci Diane pour un si beau résumé. Je sympathise avec votre peine à toi et à ton Claude.
    Bonne nuit
    Marie L.

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  5. Hier, j'ai regardé Les Grands reportages qui reprenait deux de ses entrevues (pas celle dont vous parlez). J'en aurais pris pour une autre heure. Toute la journée à Radio-Canada (en tout cas quand la télé était ouverte), dans les pauses, une chanson, un petit bout de musique. J'ai même versé quelques larmes. Je me suis revue avec mon frère, à l'auditorium de ville Saint-Laurent quand on assistait à l'émission Domino, en 1956.
    Quand mon père est mort, ma belle-soeur pianiste a joué "La légende du cheval blanc".
    C'est comme si Claude Léveillé avait toujours fait partie de la famille.

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  6. Quel beau texte.

    Tu es chanceuse de l'avoir connu.

    Ayant maintenant retrouvé tous des moyens,ce sont les anges qui en profiteront...

    Carole

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  7. C'est un bel hommage que tu lui rends ici.
    Tout comme toi, j'ai eu beaucoup de chagrin en apprenant son départ...
    C'est un "grand" qui est parti.
    Mais comme tu le dis si bien, il finalement libéré de la maladie qui emprisonnait son talent.

    Bon voyage Claude ! ✫*¨*☆ .¸¸.✶*¨`*✶

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  8. Quelle tristesse! Je me sens orpheline de la musique depuis hier. Les dernières lignes de ton texte m'ont fait pleurer mais, en même temps, je sais que c'est une délivrance pour lui. Je me suis rappelé que, il y a très longtemps, ton Clau...de et moi écoutions les disques de Léveillée que j'avais apportés à Louiseville. Nous étions déjà deux de ses grands fans. J'aime tout ce qu'il a fait, sa musique est sublime et on reconnaît toujours la signature de Léveillée. Ce matin je vais écouter son dernier CD en sachant que cet homme ne sera jamais remplacé. Léveillée est parti sur son cheval blanc, il nous donne rendez-vous en nous jouant les vieux pianos,

    Ghislaine

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  9. Pour ne jamais l'oublier, voici en vrac, des extraits de quelques-unes de ses chansons:

    "Après la vie t'a bouffé comme elle bouffe tout le monde...¨

    ¨On se saoulait le dedans de pathétique
    C'était la belle époque du piano nostalgique¨

    ¨Garderez-vous parmi vos souvenirs
    Ce rendez-vous où je n'ai pu venir... Quand on court après la fortune
    On risque de perdre l'amour¨

    "Mon pays, c'est grand à se taire
    C'est froid, c'est seul, c'est long à finir, à mourir
    Entendez-vous les vents, les pluies, les neiges et les forêts ?"
    --
    La magie est là: en lisant les paroles, on entend sa musique!
    Merci Claude.

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J'adore vous lire!