dimanche 25 octobre 2009

Beau Dommage, que je les aimais!


Lors du lancement du tout premier microsillon vinyle du groupe Beau Dommage, un lundi soir de décembre 1974, à l'hôtel Nelson du Vieux-Montréal, il y avait de l'électricité dans l'air! Je le sais, j'y étais à titre de journaliste pour le Journal de Montréal. Le lendemain mon article était publié et voici un extrait: " Les membres du groupe sont tous satisfaits du microsillon. Ce sont eux qui ont choisi les chansons, décidé de leur place dans la suite des plages, etc. On ne leur a rien passé..."

Déjà, on pouvait deviner que les membres du groupe se tenaient debout et qu'ils n'étaient pas prêts à faire toutes les concessions pour atteindre le succès. Du moins, ils voulaient réussir mais mais pas à n'importe quel prix. Ils avaient l'intention d'imposer leurs valeurs qui reflétaient celles de l'époque: remise en question des façons de faire, rejet de la société de consommation avec profits à outrance, méfiance envers tout ce qui pouvait être associé à un establishment. C'est ainsi que dès leurs débuts, ils fonctionnaient selon le modèle d'une coopérative. Tout était décidé et partagé à parts égales entre les membres du groupe. L'ère était à la discussion, à l'argumentation pour en arriver à une décision prise à l'unanimité! Qu'il s'agisse d'un détail pour un arrangement musical, d'un mot dans une chanson, des dates de tournée, de faire telle émission de télé ou pas. La gang passait avant tout.

Dans la biographie du groupe qui sera en librairie demain, Beau Dommage, Tellement on s'aimait, l'auteur Robert Thérien, historien de la chanson québécoise, raconte entre autres comment leur premier disque a fini par être mis en marché, grâce au directeur artistique de Capitol, feu Pierre Dubord. Cette multinationale du disque avait des façons de faire très éloignées de la coopérative...

En 1976, je quitte le Journal de Montréal pour devenir attachée de presse chez Capitol. J'aimais tellement le groupe et leurs chansons que je voulais travailler pour lui et avec lui. J'étais encore jeune et naïve et je m'imaginais ainsi me rapprocher encore davantage du groupe! Je fus vite désenchantée. Adieu au rêve de me retrouver en studio pendant que mon groupe préféré enregistrait de nouvelles chansons. Et je fus témoin de toutes les démarches, de la patience et des astuces de diplomatie qu'a dû déployer M. Dubord afin que Beau Dommage puisse enregistrer d'autres disques chez Capitol, selon leurs attentes. Cette compagnie de disques, dont les décisions se prenaient en anglais à Toronto, n'en avait que faire des conditions artistiques exigées par Beau Dommage. Je devrais plutôt dire, que les big boss trouvaient que les négociations étaient longues... et qu'on s'enfargeait dans les fleurs du tapis. Ils ne comprenaient pas que certains détails à leurs yeux, étaient des exigences incontournables pour les gens de Beau Dommage.

J'ai démissionné un an plus tard de cette compagnie de disques. Trop loin de la création. Trop d'intermédiaires entre l'artiste et le public. Et surtout, trop de business et pas assez de... show.
Et Beau Dommage a fini par aller vers une compagnie de disques québécoise. La suite de l'histoire, vous pourrez la lire dans le livre publié chez VLB éditeur. Et vous pouvez voir et entendre l'auteur ici: http://www.youtube.com/watch?v=0lmWcUYzevg&feature=related

5 commentaires:

  1. Ah! Beau dommage... :)
    S'ils avaient été anglais de la "terre anglée" ils seraient aussi riches que les The Beatles! Et c'est peu dire.

    En plus d'avoir composé d'excellentes chansons, ils étaient d'excellents musiciens. Rivard à lui seul est un artiste complet: guitariste, comédien, chanteur, poète, etc. notre McCartney invisible! La "perdurance" en moins, peut-être..., dommage..., mais "beau" (dans le sens humain).

    J'avoue que je n'aime pas beaucoup les biographies, surtout quand il s'agit de personnes (groupes) que j'ai connues dans ma jeunesse, tout comme vous ma chère ;) le temps passe... sommes-nous déjà rendu à l'étape des souvenirs nostalgiques? Au secours!!! (rires) :)))))))))))))))))

    Les dessous de la vie artistique ne sont pas inspirants, hélas. Dans le jazz il existe des gens passionnés qui ont fait que les vrais grands jazzmen existent encore aujourd'hui, mais la majorité des showbusinessmen entendent les caisses enregistreuses au lieu de la musique. Un milieu où la passion n'escalade pas toujours les échelles des vraies valeurs, les valeurs de l'Art avec un grand Z. (les Arts - LéZards). :P :))))

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  2. Moi aussi, je les aimais et je les aime encore autant. Je les écoute encore de temps en temps et je ne me lasse pas de l'harmonie de leurs voix. Comme ils étaient de bons musiciens et de bons compositeurs(trice). Ils ne de démoderont jamais et ils ne seront égalés par aucun autre groupe, à mon avis, mais peut-être que je trahis mon âge en parlant ainsi. Je ne sais pas si les jeunes pensent la même chose.

    En tout cas, ça me fera toujours énormément de bien de les entendre car je trouverai toujours qu'ils étaient les meilleurs.

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  3. Ah! Mes 20 ans, mes gangs... Marie-Michèle à l'École Nationale, Michel dans la Quenouille Bleue, Michel Hinton et le théâtre de rue avec Ronfard, Pierre Huet aux services culturels de l'Université de Montréal et, tout à coup, je m'en souviens comme si c'était hier, le spectacle à l'Évêché et l'explosion... et nos parcours qui allaient se croiser et se recroiser des dizaines de fois..
    Marc D.

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  4. Nous avons eu nos Beatles à nous. Fiers, indépendants et talentueux. Vous êtes bien chanceuse d'avoir été de l'aventure.

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  5. Une rétro-tranche de vie très intéressante pour un jeune homme qui n'étais pas encore au monde :-]). Beau témoignage d'amour à un groupe qui a façonné la face musicale du Québec.

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J'adore vous lire!