lundi 15 juin 2009

Comment se faire une opinion?

Ce matin, j'entends à la radio qu'on conteste le fait d'inviter 2 groupes de musique unilingues anglais à une fête de quartier, le 23 juin, dans le cadre des célébrations de la Fête nationale du Québec. Ma première réaction: ah non, pas encore de la chicane sur la langue française. Trente minutes plus tard, à la répétition de la nouvelle, je me dis: Ben oui, ce n'est pas la fête du Canada, après tout... Toute la journée, ça me trottait dans la tête.

Une fête nationale au Québec doit se dérouler en français, du moins par le présentateur et sans sous-titres. Je n'ai rien contre le fait d'avoir des chansons en espagnol, en créole, en italien, en portugais, en langue innu, etc. Alors pourquoi je tique sur la présence de chansons en anglais?

Il y a un peu de la vieille peur de l'envahissement et des relents du temps de la colonisation. Le Québec est officiellement et pratiquement bilingue, contrairement au reste du Canada. Oui nous sommes ouverts, oui nous aimons donner une image d'ouverture sur le monde. Mais nous restons fragiles dans cette mer anglaise et nous devons demeurer vigilants sans être des paranoiaques.

Ce qui me dérange c'est que les groupes de musique en question soient des unilingues anglos.
J'ai presque honte pour eux...

Je ne veux pas que le reste du monde sache qu'on peut vivre uniquement en anglais au Québec, même si c'est vrai! Ce serait Leonard Cohen ou le groupe Simple Plan qui peut s'exprimer en français, j'en serais bien fière.

Voilà où j'en suis dans ma réflexion en fin de journée. Demain, la nouvelle aura évolué, et moi aussi! Et vous, qu'en pensez-vous? Sommes-nous menacés, encore une fois?

11 commentaires:

  1. ... viennent peut-être du "West Island" et sont aussi québécois que toi et moi!!

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  2. Merci Di
    Tu viens d'apporter une nuance à ma réflexion. Suis une adepte des groupes bilingues que tu mentionnes et les jeunes (et vieux aussi) immigrés ont accès à des cours de français langue seconde. Espérons qu'ils seront heureux de pouvoir mettre en pratique ce qu'ils ont appris...en chansons...Paimpont pratiquer leur français

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  3. À vouloir le plus, on obtient le moins… si nous disions que c’est la fête de saint Jean-Baptiste, patron des canadiens français, cela donnerait à cette fête une saveur comme celle de la Saint-Patrick: une fête en famille, mais où tout le monde est invité.

    En disant «fête nationale du Québec», nous incluons la caractéristique «nation» à la fête, ce qui inclut toutes les origines. Alors pourquoi ne pas inviter quelques groupes musicaux (ou autres) anglophones, italophones, arabophones, hispanophones, irlandophones, indienophones et tousléautresphones qui existent? qui sont tous le «fun» en passant… (aussi, il n’y a pas que la musique dans la vie… ce serait plaisant d’y voir des poètes, des acteurs, des danseurs, etc.). Il me semble que nous limitons notre imagination…, spécialement quand on inclut des variables économiques et politiques à ce type d’événement. Soyons ce que nous sommes vraiment, et fêtons de la façon que nous le souhaitons…, c’est notre fête après tout!

    Si Paul McCartney vient nous chanter: «Chers Québécois, c’est à votre tour de vous laisser parler d’amour…» en anglais, sachant que la majorité des jeunes et des moins jeunes ont adoré les chansons des Beatles pendant des décennies, alors «What the hell?»
    Hmm! Paul McCartney, attendez que je me rappelle! Ah oui, Québec 2008… J’ai eu l’impression d’un « déjà vu ».

    Bon, d’accord, dans la même logique «nationaliste», si nous voulions nous forger une opinion solide sur le concept de «nations», posons comme «première» question: pourquoi n’y a-t-il pas une fête de sainte Kateri Tekakwitha ?

    Ce que j’aime de mes opinions c’est qu’elles se trouvent rarement d’un bord ou de l’autre, elles sont carrément de l’autre bord… (rires)

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  4. Me voici après un bout de temps. Je suis sortie de mes armoires pour quelques minutes. Sujet très délicat. Moi qui suis reconnue comme très nationaliste, je me pose des questions sur ce sujet. Ma première réaction a été de me dire "qu'est-ce que ce groupe anglophone vient faire dans notre fête". Vieillir apporte plus de réflexions. Si nous voulons, un jour, avoir un pays, nous devons accepter que tout ce monde qui y vit participe à mettre en marche cet événement. Pour ce faire, nous devons les accepter car ils vivent ici au Québec. Si nous les refusons, ne soyons pas surpris qu'ils nous refusent aussi ce que nous voulons. Je ne pensais jamais dire une chose pareille dans ma vie mais je suis devenue plus tolérante. Un jour, nous serons peut-être plus respectés dans notre identité si nous respectons les autres.

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  5. Moi, je pense que je n'en ai rien à cirer de ces vielles questions. J'en ai ras le bol de ces vielles discussions provoquées par d'anciens combattants qui ressemblent à de vieux permanents marxiste de la CSN des années soixante-dix. La jeune génération est ailleurs, elle écoute la musique qui vient de partout, son coeur bat au rythme de la planète, et la ceinture fléchée les étouffe ou les ennuie. Et moi aussi.

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  6. 2 jours plus tard, les 2 groupes seront de la fête de quartier à Rosemont. Yess...
    Au risque de me répéter, je n'ai rien contre les artistes qui chantent en anglais, peu importe où et quand, mais dans le contexte de la Fête nationale du Québec, j'aimerais mieux que les anglos fassent eux aussi preuve d'ouverture et de tolérance et qu'ils chantent au moins une chanson en français et... qu'ils puissent s'exprimer en français au quotidien le reste de l'année!
    Au Québec, ne pas soutenir ou défendre le français, c'est le mettre en péril.
    diane

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  7. Being an English speaker living in B.C. I enjoyed reading your article de la fete nationale du Quebec. As usual your articles always give me something more to think about. I can understand your dilemma...it is your province's French heritage celebration. You want to protect your language and your culture, that truly enriches all of us in Canada. I think because of the progress Quebec has made with the acceptance of it's language and culture in Canada, the aborignal peoples culture and languages will have less difficulty in getting their's accepted by the governments of Canada. But that is a whole other topic. Rivalries that are so deeply rooted in the past are frequently based today on one's emotion rather than one's logic. I have found that many of the people in Quebec are more bilingual than in other parts of Canada, being able to switch from French to English in a heartbeat. The world listens to music of everyone's country, but this is a celebration of and for the people Quebec.
    My written French is poor but I did want to express my opinion on you view. Enjoy your celebration next week.
    Toni

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  8. @Diane : Charlie The Wood... I'm a frog you're a frog, kiss me, and I'll turn into a prince, suddenly!!! (rires... LOL)

    Beaucoup d'anglophones canadiens parlent le français. J'ai plusieurs collègues "accross Canada" qui apprenent le français.

    Voici quelques ctrl+C & ctrl+V ;-)
    La langue fait couler beaucoup d'encre!!! (rires)

    Saviez-vous qu'à l'époque de la bataille des plaines d'Abraham, le problème n'était pas la langue, mais la religion? Et que les anglais parlaient couramment français?

    Aussi, de mémoire (monsieur Lacoursière venez-moi en aide...), beaucoup des français de l'époque étaient contents de changer de régime: ils se sentaient abandonnés par la France; ils devaient respecter de nombreuses fêtes chômées qui souvent les ruinaient (punitions sévères si quelqu'un tentait de sauver ses légumes, dans son champ, pendant ces jours fériés); et la justice était plus "logique" en anglais qu'en français (d'ailleurs qui voudrait, ici, de la justice française: prouver votre innocence!).

    Dans l'histoire, notre mémoire ("Je me souviens"), il y a beaucoup d'éléments qui expliquent nos positions "ambiguës". ;-)

    Les anglais (ces êtres ambitieux) n'aimaient pas beaucoup les canadiens français..., ils disaient : "As soon as they have their farm, their cows and their vegetables, they don't want to work anymore..." (rires)

    Dans mon bouquin "Mythes et réalités dans l'histoire du Québec" de Marcel Trudel, on a:
    P. 210 : dernier paragraphe, c'est là qu'il est dit que la religion posait problème, et non la langue.
    P. 220 : les lois anglaises s'appliquent à l'avantage des populations...
    P. 222 : ... une plus grande liberté dans l'exploitation du "bas de laine"... autorisation du prêt à intérêt (qui était interdit par l'église et par la France)...
    P. 224 : Le gouverneur Murray dit : "Les habitants sont peu soucieux d'accumuler au-delà des besoins du moment...", mais je n’ai pas trouvé où il dit qu’il n’y a rien à faire avec ces canadiens… (rires)…
    P. 226 : l'histoire des fêtes à respecter sinon... ouch!!!

    Un site où on peut lire James Murray dans un français impeccable (quand le site fonctionne):
    http://calypso.bib.umontreal.ca/cdm4/document.php?CISOROOT=/_murray&CISOPTR=1463&REC=1

    @ Toni, from B.C.: before the tongue there's a heart. We call it: "Mother tongue" ;-) If I was born English, I would think the same. I love all languages... And did you know 50% of the words in English come from French? Hehe! ;-)
    Cheers
    Claude

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  9. En voulant pousser un peu plus loin cette histoire d'Anglais qui écrit mieux en français que les français, j'ai trouvé ceci:
    http://www.nouvelles.umontreal.ca/recherche/sciences-humaines-lettres/le-journal-de-james-murray-sort-de-loubli.html

    Apparemment, le manuscrit n'est pas de la main de Murray ni de son secrétaire. Mais, ce qui m'étonne encore plus, par contre, c'est la ressemblance entre madame de Bogui et James Murray (voir les photos au lien ci-dessus). ;-)

    Je recommande à tous de lire ce petit manuscrit de 130 pages afin de connaître la vraie histoire, c'est-à-dire une partie de la vie de tous les jours de nos ancêtres. Il faut lire entre les lignes toutefois, car il s'agit d'ordonnances. Une mine d'or de renseignements de toute sorte.

    Par exemple, on peut lire à la page 113:
    ---------------------------------
    Pour Corriveau
    À Québec Ce 19 Avril 1763.
    Le Porteur de la présente, Joseph Corriveau habitant de votre Paroisse, s'étant pleinement
    justifié de L'homicide pour lequel il avait été condamné à Mort, est renvoyé absous,
    Son Excellence et tout le Public le Reconnaissant parfaitement Innocent du Crime qui lui avait été
    Imputé : Son Excellence ayant aussi Reconnu qu'Isabelle Sylvain condamnée à être
    punie du fouet pour Parjure, a plus Péché par Imbécilité que par Mauvaise Volonté
    Lui donne son Pardon : Son Excellence défend absolument à Toute Personne en aucune
    Manière de faire Reprocher audit Joseph Corriveau à la dite Isabelle Sylvain, au sujet des
    faits pour lesquels ils ont été jugés ou au sujet du crime commis par la veuve
    Dodier ; Et il punira avec la dernière Rigueur Ceux qui seraient dans le cas de contrevenir
    à Cette Défense. Et afin que personne n'en prétende Ignorance, vous Publierez la présente
    à La Porte de l'Église trois Dimanches consécutifs à L'Issue de la Grande Messe.
    Par ordre et caetera.
    ---------------------------------

    Et puis à la page 116:
    ---------------------------------
    au Capitaine de Milice
    de la Pointe Lévis
    À québec le 25 Mai 1763.
    La paix Étant faite et le pays restant à Sa Majesté Britannique,
    son Excellence pour Mieux engager les habitants
    à faire Leur devoir Cherche à Leur témoigner ses
    Bienveillances et la douceur du Gouvernement ; C'est
    pourquoi oubliant tout le passé, et voulant faire plaisir
    à ce gouvernement en général, et aux habitants de
    votre Paroisse en particulier, Il vous permet par la présente
    d'ôter le corps de la veuve Dodier, de la potence où elle pend à
    présent et de L'enterrer où bon vous Semblera.
    Par et caetera.
    ---------------------------------

    Disons qu'entre le 19 avril et le 25 mai, la veuve Dodier se balançait à tout vent, sûrement que son maquillage avait fondu... ce n'est pas moi qui l'aurait décrochée!

    Je m'amuserai certainement à écrire quelques articles sur Voir.ca de quelques-uns des nombreux sujets qu'on y trouve.

    ;-)

    Claude

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  10. Si on ne peut pas avoir UNE JOURNÉE dans l'année où on s'entend qu'elle est à nous, les francophones et qu'on l'a méritée, au nom de nos parents, de nos ancêtres qui se sont battus pour la défendre, je pense qu'on s'en va chez l'diable!!! Pourtant, on sait que je suis anglophile aussi, mais là!!! La St-Jean !!! Y'a pas plus québécois que ça!!! Alors, l'anglais, on pourra l'entendre le 25 et ça ne changera pas la face du monde et la situation de régression totale dans laquelle on baigne... HÉLAS!
    Mia

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  11. Je suis partagée. Je vis actuellement en Suisse, un pays qui a quatre langues officielles: allemand, français, italien et romanche. Selon les régions, on apprend la langue du voisin à l'école, c'est à dire qu'on ajoute le plus souvent l'allemand, le français ou l'italien au cursus scolaire; le romanche étant à vrai dire un dialecte parlé par une petite partie de la population et confiné dans un canton, celui des Grisons. Par ailleurs, on apprend aussi l'anglais, pour converser avec le reste du monde et, souvent, c'est l'anglais qui permet de s'en sortir, entre soi!

    Cela n'empêche pas les Suisses de chaque canton d'avoir une identité cantonale forte. On y défend avec fierté sa langue, son paysage, sa culture, ses coutumes, des auteurs et chanteurs (surtout, moins les autres artistes). Ici aussi, on célèbre la langue, véhicule d'une pensée, d'une réflexion culturelle. Et c'est sympa de voir sortir, un jour par année, les costumes et chants traditionnels, et de manger la production du terroir. De se rappeler d'où l'on vient.

    Mais la Suisse est aussi un pays qui se replie facilement sur soi, peut manquer d'ouverture sur le monde. Cela se voit surtout dans certains cantons germanophones de la Suisse centrale, ceux que l'on appelle les cantons primitifs, qui sont à l'origine de la Suisse. Et qui sont les moins progressistes.

    Parfois, je compare avec le Québec. Je me félicite de notre belle ouverture au monde, de notre capacité d'accueil, de notre générosité. Mais je m'inquiète aussi. Car ces qualités représentent peut-être aussi un risque de dilution de notre identité. Nous présentons une image multiculturelle, qui correspond à notre réalité. C'est bien. Mais quel espace avons-nous pour présenter à nos enfants et au reste du monde le socle sur lequel nous continuons à construire ce pays? D'où nous venons, notre histoire, quelles luttes nous avons menées et pourquoi, quels sont nos rêves...

    Un pays doit présenter une image forte, préserver sa culture et l'honorer, tout en proposant un "I have a dream" et un "Yes we can", un projet de société auquel ses enfants et les immigrants pourront s'associer et qu'ils pourront contribuer à développer, à faire évoluer. Pour réussir ce défi, il faut comprendre d'où l'on vient. Que le 24 juin, on célèbre nos racines francophones, cela ne m'apparaît pas choquant. Cela me semble même nécessaire. C'est d'autant moins choquant que, quelques jours plus tard, le 1er Juillet, on pourra encore célébrer, en soulignant cette fois l'aspect multiculturel de notre société.
    Danielle

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J'adore vous lire!