Van Dongen: un peintre heureux

"On m'a reproché d'aimer le monde, de raffoler de luxe, d'élégances, d'être un snob déguisé en bohème ou un bohème déguisé en snob. Eh bien oui! J'aime passionnément la vie de mon époque, si animée, si fiévreuse"... C'est l'une des citations qu'on peut lire en visitant l'exposition consacrée  au peintre Van Dongen, à l'affiche du Musée des beaux-arts de Montréal http://www.mbam.qc.ca/micro_sites/van_dongen/expo_fr.html  jusqu'au 19 avril.

Juste à regarder ses tableaux, on sait que ce peintre n'a pas connu une vie tordue de misère et de malheur, ce qui ne l'a pas empêché de créer, loin de là! En regardant une toile, chacun la ressent à sa façon, comme on regarde un bouquet de fleurs sans chercher à lui donner un sens. Chez Van Dongen, l'émotion est joyeuse, provoquée par des couleurs vives et pures, exprimant avec force et intensité la belle vie!

Né à Rotterdam, il arrive à Paris à l'âge de 20 ans et il se lie d'amitié avec Matisse et Picasso, habitant au-dessus de l'atelier du peintre espagnol et dont la femme, Fernande Olivier, deviendra son premier modèle. Il collabore aux revues satiriques de l'époque telles L'assiette au beurre, Frou Frou, Gil Blas.  Van Dongen lui-même n'est pas dépourvu d'humour. "Le secret de mon succès? Peindre les femmes plus minces et leurs bijoux plus gros"... Il devient le portraitiste mondain du Tout-Paris dont Mistinguett, Joséphine Baker et Colette. "Lorsqu'on s'est fait peindre par un peintre célèbre, il ne reste qu'une ressource: ressembler à son portrait"!

Il arrive parfois qu'un visiteur fasse preuve d'humour à son insu. J'ai eu cette chance devant  "Le châle espagnol" qui fit scandale à l'époque à Paris. Il montre la femme de Van Dongen, Guus, nue, étirant derrière elle un châle éclatant de fleurs dominé par les jaunes. À gauche, au bas de la toile, 3 petits oiseaux. Un couple gai passe devant sans s'attarder mais le plus jeune ne peut s'empêcher d'affirmer: "I love the birds"... J'ai évidemment éclaté de rire devant tant de transparence!

L'oeuvre de Van Dongen déborde de belles femmes qui inspirent le désir charnel. Amateur de fêtes, ne cachant pas son goût pour la frénésie et l'extravagance, il mourut à Cannes, en 1968, à 91 ans. Comme quoi mener une belle vie, parfois avec excès, ne fait pas mourir plus jeune!

Petit conseil si vous allez voir cette exposition: faites le tour des 200 oeuvres réparties dans 4 salles en moins de 2 heures, les conditions de stationnement à Montréal étant régies pour les mordus du transport en commun, du vélo et de la marche à pied, même en hiver.