samedi 23 juillet 2011

Souvenir du temps passé


Pour la première fois, mon blogue publie un texte qui n'est pas de moi. Il est écrit par mon amie Ghislaine qui raconte un souvenir d'enfance. Je trouve son texte savoureux, clair et les détails nous font voir la scène! Et il a un parfum du temps passé, alors qu'à la campagne, les nouvelles se propageaient presque aussi rapidement qu'à l'ère de l'Internet. Je remercie Ghislaine d'avoir accepté de vous partager cet événement survenu dans sa famille. Si le coeur vous en dit, je vous invite à nous raconter dans les commentaires, un de vos souvenirs marquants.

Notre maison était située dans le village de St-Gérard-des-Laurentides. Mon père possédait une boutique de forge et avait été nommé gérant de la Caisse Populaire. Ainsi, la Caisse Populaire était dans notre maison mais c’est maman, Thérèse Bournival Boisvert, qui effectuait le travail journalier de la Caisse.

Le 29 novembre 1949, mon père, Bruno Boisvert, était absent de la maison. Comme forgeron, il devait parfois s’absenter pour aller travailler chez des cultivateurs. Maman, mon frère Gilles, mes sœurs Denise et Pierrette et moi (Ghislaine) étions en train de souper quand nous avons été victimes d’un vol à main armée.

Deux hommes ont fait irruption dans la maison. Ils avaient le visage caché par un foulard, portaient un imperméable et un chapeau à large bord. Ils ont pointé leurs armes à feu en direction de maman en lui disant d’ouvrir le coffre-fort. Maman est allée dans la chambre à coucher pour chercher la clé du coffre-fort qui était dans la poche de son manteau. En revenant, elle a lancé la clé par terre et leur a dit d’ouvrir eux-­mêmes le coffre-fort. Ils l’ont alors bousculée en lui demandant de ramasser la clé, d’ouvrir le coffre-fort en lui faisant comprendre qu’elle devait obéir. Maman a alors ouvert le coffre-fort, ils ont pris l’argent et sont sortis par l’arrière de la maison. Maman s’est alors précipitée vers le téléphone pour appeler du secours mais un des hommes l’a vue par la fenêtre. Ils sont alors revenus dans la maison, ils ont arraché le fil du téléphone, bousculé maman et essayé de l’attacher sur une chaise. Je me suis alors mise à crier de toutes mes forces. Devant l’ampleur de mes cris et de mes larmes, maman les a persuadés de la laisser tranquille et de partir, car, de toute façon, elle ne pouvait plus se servir du téléphone. Ils ont donc décidé de partir et maman, malgré le choc, a gardé son calme et réussi à rebrancher les fils du téléphone pour joindre la police.

En partant de la maison, les voleurs sont passés par St-Boniface mais comme probablement ils allaient un peu vite, ils ont pris le fossé. Une voiture a passé et ils ont essayé de l’arrêter, mais comme le conducteur n’a pas obtempéré, ils ont fait feu en direction de la voiture. Le conducteur de cette voiture était le curé de Ste-Flore qui s’est empressé d’aller appeler la police.

Précisons qu’avant le vol, mon frère Gilles était allé au magasin général pour acheter du beurre et en revenant, il avait remarqué une auto devant la maison avec deux hommes à bord et un autre à l’extérieur; ce dernier lui a d’ailleurs adressé la parole. De ce fait, mon frère Gilles a pu facilement faire la description de la voiture aux policiers. Quelques temps après, la sœur de maman, Rose-Eva et son mari, oncle Armand, qui demeuraient à Shawinigan, ont entendu l’annonceur de radio qui parlait du vol commis à la Caisse populaire de St-Gérard- des- Laurentides et qui donnait une description de l’auto appartenant aux voleurs. Peu de temps avant, tante Rose-Eva et oncle Armand avaient vu leur voisin, Antonio Vallée, arriver chez-lui au volant d’une voiture rouge avec un garde-soleil qui correspondait parfaitement à la description faite aux policiers par mon frère Gilles. Tante Rose-Eva a alors communiqué avec la police qui a arrêté Antonio Vallée. Ce dernier venait d’ailleurs de sortir de prison.

Quelques semaines plus tard, maman a dû aller témoigner en cour contre les voleurs. Même si leurs visages étaient masqués au moment du vol, elle a pu facilement les identifier par leurs voix. Ceci mettait fin à un événement tragique qui aurait pu avoir des conséquences plus graves.

Je me nomme Ghislaine, j’avais 5 ans au moment du vol et je me rappelle très bien de cet événement car j’étais à la table avec maman et ma jeune sœur Pierrette qui avait 3 ans. Quant à mon frère Gilles (9 ans) et ma sœur Denise (8 ans), ils ont été des témoins indirects du vol car dès l’entrée des voleurs, ils se sont réfugiés au deuxième étage de la maison. Ils ont quand même pu observer une partie de la scène par la bouche d’aération du plancher. Quant à mon père, dans un sens, c’est une bonne chose qu’il ait été absent lors du vol car son caractère émotif aurait pu entraîner des conséquences néfastes. Finalement, on peut signaler le grand sang-froid de maman qui, sous la menace des armes, est restée en parfait contrôle d’elle-même et de la situation.

3 commentaires:

  1. Malgré l'événement quelque peu tragique, ton amie Ghyslaine l'a très bien décrit.

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  2. Diane, merci d'avoir mis mon texte dans ton blogue. Plusieurs personnes ont vécu des événements difficiles dans leur vie et c'est toujours intéressant de voir comment les choses se sont vraiment passées. Ce souvenir personnel m'a marqué longtemps mais ce qui me reste de tout ça, c'est l'admiration que j'ai eu pour ma mère qui est restée si calme.

    Ghislaine

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  3. Très beau témoignage... Je trouve ces voleurs d'un autre temps "civilisés" par rapport à ce que l'on voit de nos jours.

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J'adore vous lire!