lundi 22 novembre 2010

Mon histoire avec le Salon du livre de Montréal



Le Salon du livre de Montréal a 33 ans cette année. Depuis ses débuts, j'y suis allée chaque année, sauf 2 ou 3 fois. J'ai même rédigé son historique dans un album-souvenir à l'occasion de son 25 è anniversaire. Je l'ai fréquenté en tant que journaliste, recherchiste, attachée de presse et cette fois-ci, auteur. Toujours en tant qu'amoureuse du livre.

C'est un microcosme de la société. On y côtoie des
veudettes, des intellos, des gentils, des arrogants, des élégants et des mal élevés. Des vendeurs et des acheteurs de tout acabit, sous un éclairage artificiel. Le tout baignant dans un bruit ambiant loin de la tranquillité d'une bibliothèque et moins accueillant qu'une librairie. Vous me direz que c'est un signe de succès et vous aurez raison. C'est devenu une sortie sociale. Et non un signe que les gens lisent davantage.

Pour ma part, j'aime fréquenter le
SLM pour découvrir un livre jamais vu auparavant en librairie. Pour me sentir comme une enfant dans un magasin de bonbons et rêver de les acheter tous!

Si j'étais éditrice, je recevrais les gens dans la cuisine plutôt qu'au salon, je leur offrirais un café et une pointe de gâteau pour les remercier de leur encouragement. Aucun auteur ne ferait office de table à café, de lampe ou de sofa. Je les mettrais en valeur dans un décor chaleureux pour favoriser les échanges. Ce serait un salon d'auteurs et de lecteurs et non un salon d'éditeurs voué uniquement à une opération marchande.

Vu:
tant de fois des gens du public reposer un livre sans soupçonner un instant tout le travail qu'il y avait sous leurs mains;
un caricaturiste affichant une prétention qui étouffe la meilleure de ses caricatures;
un visiteur qui raconte sa vie... pour passer le temps. Et l'auteur qui ne sait plus où donner de l'oreille;
une majorité d'auteurs aspirant à sortir de l'ombre;
un auteur caché par un autre qui se tenait debout devant sa table, lui cachant ainsi la vue et... son livre. Et son égo créait encore plus d'ombre;
plusieurs personnes se faire écraser les pieds par les roues d'une poussette;
d'autres recevoir un coup de sac à dos sur la tête;
trop d'auteurs ayant l'air de se demander ce qu'ils faisaient là. Les visiteurs passant sans les voir. Grosse leçon d'humilité qui aurait fait du bien au caricaturiste célèbre.

Entendu:
"a se r'ressemble pas là-dessus", visiteur scrutant la photo d'une auteure;
"j'ai jamais eu de misère à arrêter de fumer, j'ai jamais commencé"; visiteur en mal de confidences;
"c'est moins cher qu'une cravate, madame!" auteur qui pousse la vente de son livre comme si c'était un sac de carottes;
"faut aller à la caisse d'abord... ensuite vous revenez pour la dédicace¨; auteur qui a le sens des affaires;
¨je me sens comme un produit dans une vitrine", auteur pris d'une crise de lucidité.

Et en voyant les files d'attente pour certains auteurs, les gens attendant jusqu'à 2 heures pour obtenir une signature ou un signet, j'ai eu une image folle: des animaux tenus dans un enclos.

Pour un auteur célèbre ou satisfait, combien sont déçus? Sans parler de tous ceux qui aspirent à être au Salon!

Merci à tous ceux et celles qui sont passés me voir. Je salue votre patience.

7 commentaires:

  1. Didi,
    J'y suis pas allée, mais j'ai tellement pensé à toi en me disant, ça prend une sacré plume pour être encore capable d'écrire des dédicaces après avoir fini d'écrire un livre... Ressource-toi, je t'attends avec mon livre itou, bientôt bientôt!

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  2. Chère Didi

    Depuis un bon moment que ce livre fait partie de ta vie et le Salon du livre, où tu as l'occasion de rencontrer tes lecteurs, est comme la consécration de tout ce travail accompli.

    Je te félicite encore pour ta si belle écriture. Il est toujours très agréable de te lire. Comme je l'ai déjà dit, je souhaite que tu recommences cette expérience d'écriture de livre pour nous faire profiter de ton talent et de ton travail. En attendant nous avons le privilège de lire ton blogue et d'y connaître tes pensées.

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  3. Bien dit Ghislaine!
    Pour ma part, hélas je n'ai pas la santé pour courir les salons. Je l'ai souvent fait et j'en garde de bons souvenirs. Le Salon du livre et celui des Métiers d'art me manquent.

    Mon belle amie, tu pourras enfin te reposer, et ce ne sera pas volé!
    Lisou

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  4. Merci de ce beau point de vue. Moi ce qui m'impressionne dans un salon du livre, c'est l'incroyable concentration d'idées et de mots, à une époque où on semble pourtant en manquer de plus en plus. Merci de tenir la plume haute. Notre langue et notre culture ont besoin de vous...Je crois savoir qui est le caricaturiste. C'est pas de sa faute si il est prétentieux, il est trop grand, et voit le monde de trop haut...

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  5. Ah Diane, les salons ... je hais les salons, ceux de
    l'électro ménager et des gadgets miraculeux (qui n'ont plus rien de miraculeux lorsqu'on les ramène chez soi et dorment d'un sommeil tranquille dans un tiroir en attendant le prochain ménage à fond ...)
    de l'automobile (avec ses pin up de 48 kilos juchées sur des talons de 10 cm,la gueule enfarinée ...)
    ceux du livre, parce que j'ai grande pitié des pauvres auteurs avec leurs piles de livres et pas un chat à leur stand alors que celui d'à côté n'en finit pas de signer des dédicaces ...
    Mais je suis contente que vous ayez eu un bon salon et je ne manquerai pas d'acheter votre livre pour vous dire ensuite ce que j'en pense. Vous avez été bien occupée, bien fatiguée, j'espère que l'hiver vous sera clément et que nous aurons encore beaucoup d'autres billets pétillants. Ici ça va, Monsieur Hiver vient de débarquer, il n'est pas le bienvenu mais on essaiera quand même de ne pas lui faire trop mauvaise figure. Une petite damassine de derrière les fagots nous y aidera ... mais raisonnablement, bien entendu !
    Je prends toujours bien du plaisir à mon blog mais je ne suis pas très régulière dans mes publications. Mon amie dit que ce n'est pas bien ... Ma foi, lui dis-je, je suis bien occupée par ailleurs : petites-enfants, déménagements, fratrie vieillissante ...
    Voilà chère Diane, j'ai été contente de vous lire. Amitiés de Golovine en Suisse.

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  6. Bonjour Diane,
    Ça m'a fait du bien de lire votre billet ce matin. Je suis une nouvelle auteure depuis janvier 2010, et j'ai vécu plusieurs Salons du livre à mon tour. Et malgré le fait que j'étais très heureuse d'avoir une vitrine pour présenter mon livre sur lequel j'avais investi tant d'énergie et d'amour, je me suis sentie complètement perdue. J'étais là tout près de Janette Bertrand, Louise Portal et bien d'autres et j'ai compris que les Salons du livre ce n'est pas vraiment ma place. Je préfère parler, one on one, de mon livre qui relate l'histoire d'un père et sa fille qui se sont retrouvés (moi en locurance). Merci Diane pour votre franchise et votre intégrité. D'une auteure à une autre auteure. Bravo pour votre beau projet.

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  7. @ Claude: je suis contente que nous partagions la même vision. Et oui, la rencontre idéale est intime avec un ou plusieurs lecteurs. La formule des Salons du livre devrait être repensée. En attendant, il y a les rencontres en bibliothèques ou scolaires, mais c'est un autre sujet...
    Je tiens à vous dire que le plus important est d'avoir mené à terme votre livre. Tout le reste n'est que pour les égo en mal de vitrine...

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J'adore vous lire!