Une Gourmandise

Il n'y a pas de hasard. J'ai acheté ce livre de Muriel Barbery il y a environ deux ans, après avoir lu du même auteur "L'élégance du hérisson". Voilà que je viens de trouver le temps de lire "Une Gourmandise" et d'en terminer la lecture alors que notre meilleure critique gastronomique au Québec, Mme Françoise Kayler, vient de nous quitter.

"Une Gourmandise" est un roman qui met en scène le plus grand critique culinaire du monde, qui sait qu'il va mourir dans 48h. Il part à la recherche de la saveur ultime, celle qui à l'origine lui a donné le goût. Il revisite ses souvenirs, tous ses repas pris dans les meilleurs restaurants du monde. Les plats, les sauces, les desserts, la qualité du service, le détail de la table qui plaît ou qui dérange. Toutes les fois où son arrivée créait un sentiment de pouvoir chez-lui, de terreur chez les chefs. Après tous ces vins, ce beurre, cette crème, ces ragoûts, fruits de mer et ces premiers sushis dégustés, que reste-t-il? Où se niche cette saveur oubliée?

Aux portes de la mort, il trouvera ce qu'il veut goûter une dernière fois, ce qui définit l'émotion brute du plaisir retrouvé, celle de la première bouchée.

J'aime penser que Mme Kayler, pour qui manger était un acte de plaisir, point, s'est rappelée son plat préféré juste avant que le temps s'arrête. Était-ce une tranche de pain cuite sur un poêle à bois? Une sauce caramel divine? Un poisson grillé à la perfection accompagnée d'une mayonnaise maison?

Moi je me souviendrai de ses écrits sans clichés, sans complaisance. De son honnêteté. Elle qui ne tirait autre profit que son salaire à La Presse, sans chronique radio ou télé. Aucun conflit d'intérêt ou d'éthique. Mes hommages Madame.