mercredi 21 avril 2010

Le mépris des patrons

Toute mon enfance j'ai entendu mon père gueuler contre les patrons. Mon père travaillait en usine et l'un des plus beaux jours de sa vie fut celui où le syndicat entra dans la shop. Fini les congédiements injustifiés, les heures supplémentaires mal rétribuées. Bienvenue à des conditions de travail décentes et au fonds de pension!

C'est vrai qu'à l'époque il y avait beaucoup d'abus. Qu'en est-il aujourd'hui? On dirait que l'exploitation des travailleurs est plus subtile. Prenons l'exemple des offres d'emploi. Pour un poste affiché, il n'est pas rare qu'il y ait plus de 250 candidats. Tout récemment, un ami a été sélectionné pour une entrevue. Sur place, ses tests ont été qualifiés de très bons, il avait confiance. Il a attendu des nouvelles qui ne sont jamais venues. Rien.

J'ai une amie devenue experte dans l'art d'envoyer son CV, très bien garni, merci. Dévouée, travaillante, jolie, un français écrit et parlé impeccable. La plupart du temps, on n'accuse même pas réception de sa candidature. Il y a deux mois, surprise! Un rendez-vous téléphonique est fixé pour une entrevue à 9h le matin. Elle a attendu en vain. Elle me dit: que les gens sont rustres! C'est inconcevable comment les employeurs traitent les candidats. Aucun respect.

Pour ma part j'ai eu un emploi syndiqué une fois dans ma vie. Depuis j'ai choisi le statut de pigiste. Peut-être pour prouver à mon père que je n'avais pas besoin du syndicat. Je suis contente de mon parcours. Mais je dois dire que j'ai connu des patrons, en fait une majorité, qui invoquaient régulièrement un manque de budget pour me payer à la hauteur de mes compétences. Ce qui ne les empêchait pas de se pavaner en Porsche. J'ai multiplié les piges, souvent jusqu'à quatre en même temps, pour réussir à bien gagner ma vie.

Maintenant, à l'ère des médias sociaux, des sites web, les employeurs ont encore le beau rôle. Ils font les revenus grâce aux créateurs de contenu. Sauf quelques très rares exceptions qui réussissent de façon autonome à créer leur propre business.

Alors que Michel Chartrand vient de mourir, si vous connaissez un patron généreux, présentez-le moi et je tenterai de dresser son portrait.



6 commentaires:

  1. Comme disait l'autre: Le mépris n'aura qu'un temps...

    Et ce temps-là achève. D'ici très peu d'années, le manque de main d'oeuvre rendra les patrons beaucoup plus polis. Sans personnel pour faire fonctionner leurs machines à imprimer de l'argent, ils vont baisser le ton.

    Dans certaines industries, la pénurie est déjà commencée. Je ne suis pas inquiet pour mes sept petits-enfants: ils vont avoir le choix ! Encore plus que nous dans les années 60-70 !

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  2. Bravo Diane, tu es toujours aussi allumée même si tu étais dans ta mine de sel depuis un moment.

    J'aime beaucoup le commentaire de M. Doyon, c'est exactement ce que je pense. Mon père aussi a travaillé dans une usine et il se trouvait honoré quand un patron lui adressait directement la parole, pourtant ce même patron avait absolument besoin de mon père.

    Michel Chartrand a toujours pris la défense du petit, il a fait lever la tête de beaucoup d'hommes et de femmes afin qu'ils soient fiers de ce qu'ils faisaient.

    C'est vrai que bientôt, les travailleurs vont avoir le choix des emplois comme nous l'avions quand nous étions jeunes avec la différence qu'ils vont être plus respectés par les patrons parce qu'ils sont plus fiers et avertis et plus conscients de leur valeur.

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  3. Je pense qu'un bon boss, ça doit exister, mais dans les PME ou les petites entreprises. Dès que tu entres dans une grosse entreprise, tous les boss sont en compétition pour monter dans l'échelle du "bossage". Et on dirait que pour prouver qu'ils sont bons, ils faut qu'ils écrasent en dessous. Et souvent, les plus hauts que tu ne vois jamais, font faire les sales jobs par les plus petits en dessous, les plus visibles que toi, tu hais.

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  4. @ Serge: merci pour la vision zoom out:)

    @ Ghislaine: tout est dit quand tu racontes la dynamique entre ton père et son patron! Et... Heureusement qu'il y a eu M. Chartrand.

    @ Claude: si je lis bien, certains big boss traitent les ti-boss comme de vulgaires employés! Et on méprise la mauvaise cible....

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  5. Ginette Laterreur23 avril 2010 à 12:25

    Un titre accrocheur mais peu flatteur pour les patrons!

    Stupéfaite de constater à la lecture de ton billet, que beaucoup d'employés subissent de telles pratiques quasi déloyales.

    Pour ma part, je dois avouer que l'appréciation
    et la reconnaissance, je l'ai reçue dès mon
    premier emploi. A souligner aussi que j'ai principalement travaillé pour de petites entreprises dont le patron était majoritaire ou
    le seul propriétaire.

    Et toi Diane, bourrée d'énergie et de talent,
    travailleuse acharnée... que je vois évoluer depuis environ 1977, j'ai un haut le coeur
    d'apprendre aujourd'hui que tu as goûté à une
    telle médecine!

    Mais cette gratitude, fort méritée, te sera
    peut-être témoingée bientôt, des gens de ta
    profession et ou surtout d'un nouveau public.

    Voilà mon plus cher voeu Didi!!!

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  6. @ Ginette: Merci! La reconnaissance venant des amies est + sincère que celle venant des patrons.

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J'adore vous lire!