lundi 8 novembre 2010

Au-delà des apparences


Depuis que ma mine de sel a explosé et que mon livre est publié, il a maintenant sa vie autonome. Mon livre devient votre livre comme un enfant qui grandit et qu'on doit laisser aller. J'ai une pensée pour les auteurs dont le livre demeure enfoui sous les nouveautés et jamais mis en vitrine. Quelle tristesse. Comme un bébé qui n'a pas la chance d'avoir une vie en santé.

Le mien, à cause de la notoriété de Céline Dion, a réussi à se frayer un chemin jusqu'à vous. Dès le début de cette aventure, j'étais bien consciente de cette pression. Pour en rajouter, René Angélil m'a dit en février dernier: " Yé ben chanceux de t'avoir Laurent", faisant allusion à mon sujet, le photographe. Sur le coup, j'ai figé. Depuis, je comprends ces mots lourds de sens.

Écrire la biographie d'un toxicomane représentait un défi pour moi. J'ai pris toutes les mesures pour bien faire mes devoirs. Je me suis procuré un enregistreur numérique. J'ai mené dix-huit heures d'entrevues que j'ai transcrites mot à mot. Cela m'a permis de m'en imprégner et de demeurer fidèle aux propos, d'être habitée par l'émotion de mon sujet et de véritablement écrire à sa place. Et, aussi de pouvoir m'en distancier afin d'y apporter une réflexion personnelle. Puis j'ai établi un fil, une chronologie des événements en démêlant les redites, les contradictions, en précisant les zones floues. J'ai tenu compte évidemment des photos que j'ai dû regarder une centaine de fois. Et j'ai effectué des recherches tant sur la carrière de Céline que sur l'univers des drogués.

Avant d'écrire le premier mot, je savais déjà mon titre, Au-delà de l'image. Il m'est venu comme une intuition et il m'a guidé tout au long de la rédaction. J'ai d'abord écrit le début et la fin de l'histoire. J'ai commencé à écrire le 4 mars. Le 9 mars, j'ai remis 5,000 mots à la maison d'édition. Et plus de 15,000 mots le 5 avril, qui était ma date de tombée pour mon manuscrit. J'ai écrit dans un sentiment d'urgence, 7 jours sur 7, du matin jusqu'à tard le soir. Cela devient une obsession, on ne pense qu'à ça. L'écriture est aussi une drogue. Qui isole. Passage obligatoire et nécessaire. C'est en restant dans cet état d'esprit que vient ce qu'on appelle l'inspiration.

Pour moi ce fut un tour de force, un travail titanesque. Et je n'ai encore que plus d'admiration pour les grands écrivains, ceux qui toute leur vie, vivent avec une oeuvre. Réussir à revenir dans la réalité est un art.

Moi je continue d'écrire dans ma tête. C'est un état. J'ignore si je publierai une autre fois. Si jamais cela se produisait, j'essaierais alors de creuser une mine d'or, qui brille au soleil!